Rue Saint-Martin
La façade principale
Une chapelle consacrée à saint Nicolas fut, dès le XIe siècle, érigée pour la population des environs du prieuré voisin de Saint-Martin-des-Champs. Située hors de cet établissement religieux, cette chapelle fut érigée en paroisse à la fin du XIIe siècle. Elle devint « paroisse de Paris » après la construction de l’Enceinte de Charles V, mais conserva son appellation rappelant sa position initiale en rase campagne.
L’église Saint-Nicolas-des-Champs fut agrandie à de multiples reprises pour répondre à la population croissante. De premières transformations intervinrent à partir de 1420, mais ce n’est qu’en 1541 que fut prise la décision de doubler les collatéraux et le déambulatoire. Ces travaux d’agrandissement s’achevèrent tardivement, en 1615.
La façade principale est la plus ancienne partie de l’église Saint-Nicolas. Elle comprend un pignon central très élevé, flanqué de pignons latéraux d’une hauteur inférieure. Un portail ogival, dont les voussures sont occupées par des niches surmontées d’un dais gothique, perce le milieu du rez-de-chaussée. De grandes niches, également ornées d’un dais, disposées en registres superposés, côtoient le portail d’entrée.
Une grande fenêtre à remplage flamboyant, composée de quatre lancettes, occupe l’étage du pignon central, dont la pointe est décorée d’un oculus quadrilobé ceint d’une guirlande de feuillage. Deux pinacles à fleurons encadrent la composition. Des arcs-boutants relient le pignon central aux pignons latéraux, également frappés d’un oculus quadrilobé et de pinacles à fleurons. Des baies ogivales, d’une hauteur inégale, sont par ailleurs pratiquées au rez-de-chaussée des pignons latéraux.
Un haut campanile carré, animé par de grandes baies ogivales à claires-voies et terminé par une terrasse à balustrade, s’élève derrière le pignon méridional. En 1668, un étage supplémentaire le dota d’une silhouette plus élancée.
Fermée en 1791, l’église Saint-Nicolas-des-Champs devint le temple de l’Hymen et de la Fidélité en 1793, avant d’être rendue au culte en 1802.
La façade méridionale
Du côté de la rue Cunin-Gridaine, la façade méridionale est interrompue par deux constructions en saillie : la maison du sacristain et, probablement, les vestiges d’un ancien charnier. Un parterre de verdure bordé de haies et planté d’un arbre (cerisier japonais ?), clôturé d’une grille de fer, précède la façade méridionale.
Le portail de la façade méridionale
Cette façade méridionale s’articule autour d’un portail, bâti, en 1576, d’après celui édifié par l’architecte Philibert de l’Orme à l’Hôtel des Tournelles. Ce portail est flanqué de quatre pilastres corinthiens, qui supportent un entablement à frise décorative, couronné d’un fronton pointu. De petites niches à sculpture sont creusées entre les pilastres. Dans le fronton, deux angelots, disposés autour d’un oculus, jouent d’un instrument de musique.
Les anges portant la palme des martyrs
Au-dessus de l’arc en plein cintre de la porte, deux anges, la palme des martyrs en main, présentent un cartel de marbre noir faisant connaître la date du dernier agrandissement de l’église, au XVIe siècle.
La nef
Les deux premières travées de la nef de l’église Saint-Nicolas-des-Champs forment un vestibule, dominé, comme il se doit, par le buffet d’orgue. L’édifice possède une nef et quatre bas-côtés ou collatéraux. Elle est dépourvue de transept. La nef est coiffée d’une voûte sur croisée d’ogives, de style flamboyant, autrefois ornée de clefs pendantes, que la Révolution a supprimées.
Des piliers, dépourvus de chapiteau, portent les premières travées de la nef. Ils encadrent de grandes arcades aux voussures profondes, légèrement ogivales. Au niveau des fenêtres hautes, ces piliers cèdent, le plus souvent, la place à un faisceau de colonnettes, sur lesquelles retombent les nervures de la voûte.
Les fenêtres hautes sont composées de trois lancettes et fermées d’une simple verrière, dont seule la bordure est colorée. Quelques fenêtres possèdent des meneaux plus ouvragés, en forme de trèfles.
Le collatéral ou bas-côté sud
Dans les bas-côtés, les piliers médians des premières travées sont fasciculés (c’est-à-dire composés de plusieurs colonnettes). Dans les dernières travées des bas-côtés et celles du déambulatoire, ces piliers fasciculés ont été retaillés et transformés en colonnes doriques à fût lisse, placées sur de hauts socles.
Du côté de la nef, les piliers primitifs des dernières travées et du chœur ont été retaillés, vers 1745, en colonnes ovoïdes et cannelées, à chapiteau dorique. Ces colonnes reçoivent l’arc des grandes arcades, redessiné en plein cintre, et supportent des pilastres ioniques, dont l’abaque sert d’appui aux nervures de la voûte. Ces pilastres s’élancent entre chaque arc naissant et s’élèvent jusqu’à mi-hauteur des fenêtres hautes, plus larges d’une lancette.
Simon Vouet (1590-1649)
Les Apôtres au tombeau de la Vierge (registre inférieur) et L’Assomption (registre supérieur), 1629-30, Paris, église Saint-Nicolas-des-Champs
Un jubé fermait autrefois le chœur de l’église, dont toute la largeur est occupée par un remarquable retable à double face, qui se dresse derrière le maître-autel. Ce retable consiste en deux ordres d’architecture : le premier comprend quatre colonnes de marbre noir, soutenant un riche entablement, et le second, décoré de pilastres, plus étroit et serré entre deux consoles renversées, supporte un fronton terminé par une croix.
Vers la nef, les deux peintures centrales de Simon Vouet représentent, au registre inférieur, Les Apôtres au tombeau de la Vierge et L’Assomption, au registre supérieur. Dans le premier tableau, Vouet campe le groupe des apôtres, les uns examinant le tombeau et constatant l’absence de corps ; les autres cherchant le corps autour du tombeau ; les derniers levant les yeux. Le second tableau montre la Vierge montant au ciel, environnée d’une gloire d’anges.
Deux anges, placés aux deux extrémités de la première corniche, exécutés en stuc par Jacques Sarrazin, semblent, par leurs gestes, avertir les apôtres du retable de l’assomption de la Vierge.
Sur le fronton du second ordre d’architecture, deux autres anges en stuc, par le même Sarrazin, tiennent en main une couronne qu’ils semblent vouloir poser sur la tête de Marie.
Des figures sculptées de saints (Nicolas et Catherine ?) se tenaient au-dessus des portes latérales. Elles furent remplacées par des peintures décoratives, réalisées en 1775 par Jean-Baptiste Robin (1734-1818) : ces peintures représentent un Saint Jean l’Évangéliste et un Saint Nicolas. L’attitude des deux saints, qui observent et désignent la Vierge montant au ciel, s’accordent admirablement avec le décor du XVIIe siècle.
Le double déambulatoire
Les bas-côté de la nef se prolongent en un double déambulatoire, qui contourne le chœur de l’église.
Le retable d’autel présente, de ce côté, sa face arrière : elle rassemble également deux ordres d’architecture uniquement composés de pilastres cannelés. Deux médaillons sculptés, reprenant les figures des saints Nicolas et Jean l’Évangéliste, décorent le dessus des portes latérales. Joseph-Ferdinand-François Godefroy réalisa, avant 1788, la grande peinture du registre inférieur, qui montre Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés, et la figure du Père Éternel, au registre supérieur.
Le collatéral extérieur sud, avec les chapelles latérales
Les collatéraux extérieurs et le déambulatoire desservent les chapelles latérales et les chapelles rayonnantes. Celles-ci, consacrées ou cédées à des paroissiens, sont dotées, le plus souvent, d’un autel et d’un grand retable, appliqués contre la paroi orientale. Elles sont, pour certaines d’entre elles, décorées de peintures murales remontant au règne de Louis XIII.
Dans le collatéral sud, une chapelle dépourvue d’autel, mais abritant un confessionnal, autrefois concédée à la famille De Vic, contient un grand tableau de Frans II Pourbus, représentant une Vierge à l’Enfant, adorée par des saints (1617). Comme plusieurs chapelles situées dans le déambulatoire, la chapelle De Vic est ornée de peintures murales, qui ont été récemment redécouvertes et restaurées.
La voûte de la chapelle De Vic
La voûte de cette chapelle fut en outre décorée par le peintre Georges Lallemant (vers 1575-1636). Celui-ci réalisa, entre 1618 et 1621, une Assomption dans un grand médaillon feint, au pourtour duquel il accola cinq cartouches habités de putti, les uns virevoltant en diverses attitudes et les autres présentant un parchemin.
A la base de la voûte de la chapelle de Vic, six cadres en trompe-l’œil présentent une scène narrative entre deux figures d’évangélistes. A droite, les peintures qui ont subsisté représentent Saint Jean l’Évangéliste (près de la fenêtre), L’Apparition du Christ à la Vierge et la figure d’un second évangéliste.
L’ancienne chapelle du Saint-Sépulcre
Un peu plus loin, la chapelle du Saint-Sépulcre, désormais dédiée à la Sainte Famille, présente un décor tout aussi surprenant, attribué à Michel I Corneille (1603-1664), qu’un badigeon avait recouvert pendant la période révolutionnaire. Sur la corniche, à la naissance de la voûte, le peintre a représenté, d’un côté, deux soldats gardant le tombeau du Christ, et de l’autre côté, deux anges présentant le suaire soutenu par des angelots. L’un des deux soldats est endormi ; l’autre semble surpris et effrayé par la résurrection du Christ, peinte au sommet de la voûte.
La chapelle suivante, consacrée au Sacré-Cœur, autrefois « chapelle du Saint-Sacrement », concédée à Louis Guibert, sieur de Bussy, en 1616, est pareillement ornée de peintures, dont l’auteur n’est pas connu. Ce peintre anonyme a peint un vaste dais bordé de lambrequins, avec une colombe du Saint-Esprit rayonnant de gloire. Émergeant de l’arrière du dais, des angelots soulèvent une lourde tenture verte et révèlent les armoiries de Louis Guibert et de son épouse Élisabeth Séguier. Comme le décor de la chapelle précédente, les peintures de la chapelle du Sacré-Cœur avaient été recouvertes d’un épais badigeon sous la Révolution.
Le déambulatoire dessert la chapelle située dans l’axe qui, selon l’usage, est consacrée à la Vierge. C’est François-Nicolas Delaistre (1746-1832) qui imagina le groupe sculpté de La Vierge présentant l’Enfant pour le maître-autel. Ce sculpteur réalisa d’abord un modèle en plâtre, envoyé au Salon de 1787, débuta la taille du marbre, qu’il interrompit sous la Révolution, avant d’achever tardivement son ouvrage en 1817.
D’une proportion plus grande que nature, ce groupe sculpté montre l’Enfant, debout sur le globe terrestre : il écrase la tête du serpent en allusion à la victoire de Dieu sur le Mal, par le sacrifice de son fils.
L’ancienne chapelle des Saints-Anges, actuelle chapelle Sainte-Cécile
Dans le déambulatoire nord, Quentin Varin réalisa, vers 1623, les peintures ornant la voûte de la chapelle des Saints-Anges, actuelle chapelle Sainte-Cécile. L’archange saint Michel renversant les anges rebelles paraît au sommet de la voûte et quatre figures de saintes, dont sainte Agnès (avec l’agneau), en occupent la base.
La chapelle suivante renferme un chef-d’œuvre du peintre Georges Lallemant : une Vierge de pitié (1620), où Marie, représentée au pied de la Croix, recueille le corps de son fils mort, entourée de saint Jean et de Marie Madeleine. Les bras du Christ, appuyés sur les genoux de sa mère, suggèrent la crucifixion, tout comme l’attitude de la Vierge, aux bras étendus.