Rue Saint-Martin
Olivier Truschet et Germain Hoyau
Plan de Paris sous le règne de Henri II [détail du prieuré de Saint-Martin-des-Champs], 1552-1553, Bibliothèque universitaire de Bâle
Le Conservatoire National des Arts et Métiers, créé par l’abbé Grégoire en 1794, se situe au cœur de Paris, dans l’enclos de l’ancien prieuré bénédictin de Saint-Martin-des-Champs. En 1798, l’installation de ce grand établissement d’enseignement supérieur et de recherche permit d’éviter la démolition des bâtiments conventuels qui avaient été confisqués comme « bien national » en 1790.
Une basilique funéraire mérovingienne, signalée dans une charte qui adjugeait à l’abbaye de Saint-Denis les revenus d’une foire transférée à Paris, en bordure du Cardo Maximus (actuelle rue Saint-Martin), occupait initialement les lieux. Des fouilles archéologiques menées à l’occasion de la rénovation du musée des arts et métiers confirma son existence : cette basilique se situait à l’emplacement de l’église aujourd’hui intégrée au musée, mais possédait une nef plus étroite et plus courte, ainsi qu’un transept débordant.
Saint-Martin-des-Champs (Prieuré de), à Paris. Histoire de la fondation de ce monastère, en vers latins, avec le texte des principales chartes [Le roi Philippe Ier et la consécration de l'église par les moines de Cluny], 1225-1275, manuscrit, BNF Manuscrits NAL 1359
On fonda ensuite une abbaye auprès de la basilique, mais l’ensemble fut dévasté par les Normands au IXe siècle. La volonté de deux souverains favorisa la renaissance de Saint-Martin-des-champs : Henri Ier (1008-1060) décida, peu avant sa mort, la fondation d’une collégiale que son fils et successeur, Philippe Ier (1052-1108), consacra à saint Martin de Tours en 1067. Les mêmes fouilles archéologiques permirent de retrouver le plan de cette collégiale : les niveaux subsistants du clocher situé à la jonction méridionale de l’abside et de la nef de l’église prieurale constituent le seul vestige de ce premier édifice.
En 1079, Philippe Ier plaça Saint-Martin-des-Champs sous l’autorité de l’abbaye de Cluny, qui envoya des moines et désigna le premier prieur de l’établissement. Le prieuré de Saint-Martin-des-Champs se situait, à cette époque, en dehors de la ville et de l’enceinte de Philippe-Auguste, d’où son nom en forme d’allusion à la campagne environnante.
Charles Fichot (1817-1903)
Vue générale du prieuré de Saint-Martin-des-Champs
(in : F. de Guilhermy, Itinéraire archéologique de Paris, Paris, 1855, repr. entre p. 240-241)
L’établissement religieux reçut de nombreux dons, qui lui permirent d’accroître ses possessions et de rayonner sur plusieurs diocèses. Il devint rapidement l’un des prieurés les plus importants et les plus riches de l’Ordre de Cluny. Les dons et les revenus fonciers liés à la possession de terres lui assurèrent une grande prospérité.
Le prieur Thibaut II (1132-1142) fit, en conséquence, fortifier l’enclos du prieuré, puis reconstruire, vers 1134-35, le chœur de l’église prieurale. Entre 1225 et 1235, un cloître gothique apparut au nord de l’église, ainsi qu’un nouveau réfectoire, considéré comme un chef-d’œuvre de l’art gothique rayonnant.
Le prieuré possédait également deux chapelles séparées de l’église : l’une, consacrée à la Vierge dite « de l’Infirmerie », pourvue d’un vaisseau unique et rattachée à la salle capitulaire ; l’autre, à vocation funéraire et consacrée à saint Michel, qui se dressait au milieu du cimetière prieural. Ces deux chapelles furent édifiées dans la première moitié du XIIIe siècle.
La tour du Vertbois – rue Saint-Martin
L’enclos fortifié du prieuré de Saint-Martin-des-Champs se composait d’une haute muraille crénelée et flanquée de tours. L’une d’elles, ronde et coiffée en poivrière, subsiste au coin de la rue du Vertbois : elle était l’une des quatre tours d’angle de cette haute muraille.
La portion de mur crénelé sommé d’une tourelle – rue du Vertbois
Sur la rue du Vertbois, une portion de ce mur crénelé, sommé d’une tourelle, subsiste également au milieu de constructions modernes. La haute muraille d’enceinte disparut progressivement lorsque l’Enceinte de Charles V engloba le prieuré en 1360.
La nef et le chœur à déambulatoire de l’église prieurale
Reconstruite vers 1130, la nef de l’église prieurale est désormais employée à des fins muséographiques. Cette nef unique, d’une largeur importante, ne fut jamais voûtée, mais couverte d’une charpente en bois, que les bâtisseurs ont préféré adopter en raison de l’absence de bas-côtés. De grandes fenêtres ogivales percent les murs gouttereaux : elles sont en tiers-point et possèdent un remplage de type gothique rayonnant de deux lancettes surmontées d’une rose hexalobe.
L’édifice possède une nef légèrement désaxée par rapport à l’abside, un chœur à déambulatoire et des chapelles rayonnantes. La nef communique avec le déambulatoire uniquement par une étroite ouverture (« passage berrichon »), pratiquée dans le mur méridional. Au fond de la nef, un arc triomphal donne sur le chevet et s’ouvre sur une abside élancée, ceinte de grandes arcades et éclairée de fenêtres hautes.
La nef, vue du déambulatoire
Depuis le milieu du XIXe siècle, la nef est couverte d’une charpente en carène de bateau renversé et ses murs sont rehaussés de peintures décoratives.
Le double-déambulatoire du chœur
Contemporain du chantier de Saint-Denis, le chœur de l’église prieurale, reconstruit vers 1135-1155, fait de Saint-Martin-des-champs un monument de la transition du roman au gothique. Son plan irrégulier fut contraint par le vieux clocher du mur méridional et ses dépendances (tourelle d’escalier et absidiole) et par la présence des bâtiments conventuels, vers lesquels il fallait aménager un passage.
La petite baie de la première travée du déambulatoire sud, vue de l’intérieur
La première travée du déambulatoire sud est ainsi éclairée par une petite baie à hauteur du doubleau, profondément enfoncée dans un massif de maçonnerie dépendant du clocher, et reliée au déambulatoire par un curieux ébrasement.
La petite baie de la première travée du déambulatoire sud, vue de la rue Réaumur
De l’extérieur, cette petite baie est visible dans un renfoncement du mur méridional, dont la corniche et les modillons s’interrompent.
L’abside de l’église prieurale
Coiffée d’une voûte unique à huit branches d’ogives rayonnant autour d’une clé centrale, l’abside domine de cinq marches le sol du déambulatoire et d’une profonde chapelle d’axe.
La chapelle d’axe
Dans le double-déambulatoire et la chapelle d’axe, le décor sculpté présente les caractéristiques du style roman : effets de vannerie, feuilles plates stylisées, petites palmettes d’angle, feuilles polylobées. Les murs de la chapelle d’axe sont par ailleurs décorés d’arcatures plaquées sur le soubassement des fenêtres.
Les chapiteaux du double déambulatoire
Certains chapiteaux montrent des personnages saisissant des tiges feuillues, des monstres à corps d’oiseaux, des têtes de monstres, des lions affrontés, des entrelacements.
Au milieu du XIXe siècle, Vaudoyer remonta très largement la partie nord-est du déambulatoire, y compris les chapiteaux.
Le réfectoire du prieuré
Le vaste réfectoire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs est éclairé par de hautes baies géminées surmontées d’une rosace. La salle est traversée, dans le sens de sa longueur, par sept fines colonnes qui portent deux rangs de voûte à quinze mètres de hauteur. La grande sobriété décorative renforce l’extrême légèreté de l’architecture.
La chaire du réfectoire, d’après le dessin de Léon Gaucherel (1816-1886), telle qu’elle se présentait au XIXe siècle, et telle qu’elle apparaît aujourd’hui
La sculpture ornementale se concentre sur le porche du mur sud, caractérisé par un décor de feuilles et de fleurs qui anime les ébrasements, le chapiteau des colonnes et les voussures. L’escalier d’accès à claire-voie, taillé dans l’épaisseur du mur, est plus discret.
Le réfectoire était « boisé jusqu’à hauteur des croisées » jusqu’à la veille de la Révolution. Dans le projet d’en faire la bibliothèque du Conservatoire national des Arts et Métiers, Léon Vaudoyer le remeubla dans le style néogothique et demanda à Jean-Léon Gérôme (1824-1924) de peindre des figures allégoriques (celles-ci, fort ruinées, ont été supprimées dans la seconde moitié du XXe siècle).
Afin d’accentuer le caractère « moyenâgeux » de l’édifice, l’architecte reprit la sculpture ornementale (culs-de-lampe à figures humaines, clefs de voûte à motifs feuillus et chapiteaux végétaux). Le dessin de Gaucherel (BNF Estampes, collection Destailleur), qui décrit l’état de la chaire du lecteur avant la restauration du réfectoire, permet de mesurer les interventions entreprises pour lui donner un caractère plus décoratif : il décrit l’ouvrage avant l’adjonction du cul-de-lampe à l’abondant décor végétal, en saillie sur le mur nord.
Les combles de l’ancien réfectoire, vus depuis la rue Saint-Martin
De la rue Salomon de Caus, le promeneur peut apercevoir les combles de l’ancien réfectoire et sa toiture de tuiles vernissées, reprise par Vaudoyer lors de la restauration de l’édifice : il abrite aujourd’hui la bibliothèque du CNAM.
La fontaine du Vertbois
De nombreuses transformations modifièrent le prieuré de Saint-Martin-des-Champs au XVIIIe siècle. On abattit le cloître médiéval : l’architecte Pierre Bullet (1639-1716) livra, à cette occasion, les plans d’un cloître dorique, que Nicolas Lhuillier de La Tour acheva d’édifier entre 1702 et 1720.
En 1712, à la demande de Louis XIV, Pierre Bullet édifia une fontaine en lisière du prieuré, sur le flanc méridional de la tour d’angle de la rue Saint-Martin. Considérée comme la première fontaine publique installée à Paris, la fontaine de Bullet dite, comme la tour fortifiée, « fontaine du Vertbois », s’apparente à un frontispice flanqué de pilastres qui alternent des décors vermiculés et des congélations. Le tympan présente une nef ornée de voiles et l’entablement supporte un écusson fleurdelisé.
Le soubassement de la fontaine porte un mascaron de bronze à tête de monstre marin imaginaire, qui crache toujours un filet d’eau.
La fontaine du Vertbois faillit être détruite lors de l’extension du Conservatoire : on la démonta et la replaça finalement sur le flanc septentrional de la tour d’angle, à l’embouchure de la rue du Vertbois. Une table, gravée en lettres d’or, rappelle sa sauvegarde in-extremis.
L’aile sud des bâtiments conventuels – rue Vaucanson
Nicolas Lhuillier de La Tour conçut également de nouveaux plans pour les bâtiments conventuels et le dortoir des prieurs, dont Louis Le Tellier (mort en 1785) dirigea la construction entre 1739 et 1742. L’ensemble forme un « U » dont les ailes, perpendiculaires à la rue Vaucanson, se terminent par des pavillons « brique et pierre ». C’est par l’une des ailes du dortoir, près du chœur de l’église, que le visiteur pénètre dans les galeries du musée des arts et métiers.
Placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le musée des arts et métiers ouvrit ses portes en 1802. Ses collections, qui valorisent le patrimoine scientifique et technique, se répartit en sept départements thématiques : instruments scientifiques, matériaux, construction, communication, énergie, mécanique et transports. Quelques salles renferment des curiosités, comme le laboratoire du chimiste Lavoisier ou le fabuleux théâtre des automates.
Le Grand Escalier de l’ancien dortoir
En 1786, l’architecte François Soufflot le Romain dota le long bâtiment du dortoir d’un escalier monumental coiffé d’un plafond à l’impériale. Son décor fut modernisé au XIXe siècle, afin d’évoquer la nouvelle destination des lieux. Les voussures portent quatre reliefs dans les angles, représentant Les Sciences, Les Arts, L’Industrie et L’Agriculture. L’escalier, bordé de rampes et de garde-corps à entrelacs, s’élève jusqu’à un palier intermédiaire dont le mur du fond est creusé de niches abritant les statues de l’agronome Olivier de Serres (1539-1619) et de l’inventeur Jacques Vaucanson (1709-1782).
Les bâtiments de l’ancien prieuré n’évoluèrent pas immédiatement après l’installation du Conservatoire : « on [se borna] à quelques travaux d’appropriation », on créa « des galeries en démolissant les cellules des moines », on ferma « les portiques du cloître pour les transformer en salle de dessin et en laboratoire ». Mais au fil des années, la restauration des bâtiments anciens et la construction de nouveaux espaces se sont avérés indispensables.
La cour de l’église
Nommé architecte du Conservatoire en 1838, Léon Vaudoyer (1803-1872), s’efforça de résoudre cette double problématique : l’architecte entreprit la restauration de l’église et du réfectoire, resté « sans vitres, sans dallage, dans un abandon complet ».
L’entrée d’honneur du Conservatoire National des Arts et Métiers – rue Saint-Martin
En 1851, Léon Vaudoyer construisit une entrée solennelle, plus digne de l’institution qui, après le percement de la rue Vaucanson et l’établissement du nouveau marché Saint-Martin, avait perdu « la plus grande partie du jardin de l’ancien prieuré ». Il ordonna les nouveaux bâtiments autour d’une Cour d’honneur et conçut « une entrée convenable en face du grand escalier [conduisant] autrefois au jardin, et qui sert dignement d’introduction aux galeries des modèles. » Pour régulariser la Cour d’honneur, l’architecte éleva également, en regard du réfectoire, un bâtiment néogothique à la silhouette comparable (« aile neuve »).
De la hauteur d’un rez-de-chaussée, les bâtiments sur rue encadrent une grande porte d’entrée, dont l’arc en plein cintre retombe sur des pilastres doriques. Des socles élevés flanquent la porte et servent d’appui à deux cariatides représentant L’Art et La Science, sculptées par Elias Robert (1819-1874).
Ces deux figures soutiennent un entablement couronné d’un fronton orné d’une belle tête de femme formant saillie sur un médaillon et représentant L’Industrie française. Dans la frise, on lit en lettres de bronze « CONSERVATOIRE NATIONAL / DES ARTS ET DES MÉTIERS ».
La façade néogothique de l’ancienne église prieurale
Après l’effondrement du clocher-porche occidental de l’église prieurale, en 1453, on avait édifié un simple mur-pignon pour refermer l’édifice. En 1769, l’architecte Jean-Joseph Naudin l’avait démoli et avait élevé une véritable façade de « style jésuite ». Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Léon Vaudoyer remplaça l’ouvrage de Naudin par l’actuelle façade de style « néogothique ».
Le chevet de Saint-Martin-des-Champs
L’architecte reconstruisit également le chœur et la chapelle d’axe qui étaient largement ruinés. Le chevet de Saint-Martin-des-Champs conserve néanmoins la particularité d’un toit unique pour les chapelles rayonnantes et le déambulatoire. L’architecte évita en outre de doter l’abside d’arcs-boutants, éléments d’ossature apparus, vers 1155, à Saint-Germain-des-Prés, quelques années après la construction de l’église prieurale.
Le décor des fenêtres du chevet
La décoration est plus abondante à l’extérieur du chevet : les fenêtres sont entourées d’une baguette et sont flanquées de deux colonnettes à chapiteau ; elles sont ourlées d’une archivolte moulurée et surmontées d’un cordon de fleurs de violette excavées, qui rejoint une tête grotesque au-dessus des baies centrales.
Les modillons sculptés en masques
Les contreforts prennent alternativement la forme de colonnes engagées ou de piliers terminés en glacis, qui viennent buter contre une corniche à modillons sculptés en masques.
Le bandeau de feuillage et le mascaron de la tour du Vertbois
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’extension du Conservatoire National des Arts et Métiers se poursuivit en bordure de la rue Saint-Martin. Nommé architecte du Conservatoire en 1872, Gabriel-Auguste Ancelet envisagea d’abord de construire l’aile gauche de la façade principale. C’est Ancelet qui proposa la démolition de la fontaine, mais aussi celle de la tour d’angle, imbriquées dans les constructions édifiées au croisement de la rue du Vertbois.
Cé fut sans compter avec les associations de défense du patrimoine ! Celles-ci s’élevèrent contre la destruction de ces deux vestiges du vieux Paris, avec l’aide de Victor Hugo, qui écrivit : « Démolir la tour ? Non. Démolir l’architecte ? Oui. » Celui-ci dut réviser ses plans, fit restaurer la tour et préserva la fontaine du Vertbois, qu’il déplaça de quelques mètres.
La restauration excessive de la tour du Vertbois fut l’occasion d’introduire quelques ornements typiquement médiévaux : un bandeau de feuillage, filant sous la corniche du créneau, interrompue par un mascaron employé pour l’évacuation des eaux, à la manière d’une gargouille.
A gauche : Albert Maignan (1845-1908), Tour du Vert Bois, rue Saint-Martin, 1866, dessin, Paris, musée Carnavalet
A droite : Jean-Eugène Durand (1845-1926), L’Ancienne tour du prieuré [la fontaine du Vertbois et l'aile gauche de la façade principale], vers 1876, photographie, Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine
Gabriel-Auguste Ancelet éleva, vers 1875-76, l’aile gauche de la façade principale puis, vers 1881-82, un pavillon à la rencontre des rues Saint-Martin et du Vertbois.
Ces nouveaux bâtiments s’élèvent sur deux niveaux, scandés de pilastres doriques et corinthiens, avec un rang de lucarnes à la base des toits. La référence à l’architecture française de la Renaissance, également appliquée aux bâtiments de l’aile droite, crée ainsi une certaine unité sur la rue Saint-Martin : les pavillons ont des combles élevés ; les fenêtres sont à meneaux de pierre.
Le CNAM, du côté de la cour de l’église, à l’angle de la rue Réaumur
Du côté de la rue Réaumur, la cour de l’ancienne église est encadrée de deux pavillons, chacun prolongé par une aile de raccordement. Les bâtiments élevés à l’angle de la rue Réaumur rejoignent une bâtisse au caractère plus médiéval, accolée au flanc méridional de l’église.
Gabriel-Auguste Ancelet mena également, à partir de 1886, le chantier de la galerie longeant la rue Vaucanson, dont la construction était, en 1888, avancée jusqu’au pavillon du milieu. Du côté de la rue du Vertbois, ses successeurs édifièrent les bâtiments bordant la cour de l’administration. Le chœur de l’église prieurale fut tardivement dégagé des bicoques encore visibles sur les cartes postales éditées au début du XXe siècle.
Paris – la cour du Conservatoire des Arts et Métiers où sont placées les statues de Denis Papin et de Nicolas Leblanc
Inauguration de la statue de Denis Papin, le 16 janvier [1887]
Au mois de janvier 1887, une foule considérable assista à l’inauguration d’un monument honorant la mémoire du physicien Denis Papin (1647-1713), placé dans la Cour d’honneur du Conservatoire, en pendant à la statue du chimiste Nicolas Leblanc (1742-1806), dont l’inauguration devait se dérouler un peu plus tard. Le Monde illustré (23 janvier 1887, n° 1556) évoque longuement l’événement, avec les gravures illustrant la cérémonie et les deux statues, réalisées par Aimé Millet (1819-1891) et Ernest-Eugène Hiolle (1834-1886).
Les deux statues commémoratives se trouvent toujours dans la Cour d’honneur, mais elles ont été disposées contre l’ « aile neuve », de part et d’autre du passage communiquant avec la Cour de l’administration.
La station « Arts et Métiers » de la ligne 11 du métropolitain
En 1994, la station « Arts et Métiers » de la ligne 11 du métropolitain a été entièrement recouverte de plaques de cuivre à l’occasion des cérémonies du bicentenaire du Conservatoire National des Arts et Métiers. Elle est l’unique station du métropolitain à délaisser les carreaux de faïence blanche et les plaques émaillées.
Cet habillage, créé par l’écrivain Benoît Peeters et le dessinateur de bande dessinée François Schuitten, reconstitue l’intérieur d’une vaste machine qui évoque l’univers de Jules Verne, et plus particulièrement le roman Vingt mille lieues sous les mers.
Les plaques de cuivre, le mobilier et le décor de la voûte
Les plaques de cuivre légèrement incurvées pour former une voûte au-dessus des voies sont fixées les unes aux autres par de petits rivets. Des hublots, qui rappellent l’intérieur d’un sous-marin, contiennent de petites scénographies en relation avec les collections du musées des Arts et Métiers. Le mobilier de la station (les plaques de la station, les sièges en bois, les poubelles, les bornes d’alarme) s’adapte également à la décoration.
De grands rouages, dignes du film Les Temps modernes de Charlie Chaplin, occupent, par une une fente, le sommet de la voûte et rappellent ainsi la proximité du musée des Arts et Métiers.