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Le musée Cognacq-Jay (1929)

Boulevard des Capucines

portrait d'Ernest Cognacq  mme Jaÿ

Jeanne-Madeleine Favier (1863-1904)

Portrait d’Ernest Cognacq, 1903, huile sur toile, Paris, musée Cognacq-Jay

Portrait de Marie-Louise Jay, 1903, huile sur toile, Paris, musée Cognacq-Jay

Fondateur des Grands Magasins de la Samaritaine, Ernest Cognacq (1839-1928) débuta, après la mort de son père, en 1851, comme marchand itinérant à La Rochelle et à Bordeaux. Employé dans plusieurs maisons parisiennes, il s’établit à son compte en 1867, rue Turbigo, sans succès, avant de reprendre les routes de France. De retour dans la capitale, il tenta à nouveau sa chance comme camelot et s’installa dans la corbeille de la seconde arche du Pont-Neuf, à l’emplacement de l’ancienne pompe hydraulique de la Samaritaine. Au bout de quelque temps, il put sous-louer le local d’un café, à l’angle des rues du Pont-Neuf et de la Monnaie, où il ouvrit un commerce, Au Petit bénéfice, qui le mena, cette fois, à la réussite.

En 1872, Ernest Cognacq épousa Marie-Louise Jaÿ (1838-1925), alors première vendeuse au rayon confection du Bon Marché, et racheta sa boutique, baptisée La Samaritaine. En 1891, il confia à l’architecte Frantz Jourdain (1847-1935), rencontré quelques années plus tôt, le soin d’imaginer l’architecture des premiers Grands magasins de la Samaritaine : Jourdain conçut le fameux bâtiment de style « Art Nouveau », dont les façades latérales sont toujours visibles, rues de la Monnaie et de l’Arbre-Sec.

Philanthropes dans l’âme, les époux Cognacq favorisèrent la création du musée d’histoire locale de l’Île-de-Ré et celle d’un jardin botanique à Samoëns (Haute-Savoie). Ils créèrent également la Fondation Cognacq-Jay en 1916, qui géra divers établissements (pouponnat, maison de convalescence, maison de retraite, centre d’apprentissage…).

Entre 1900 et 1927, Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ, fervents admirateurs de l’art du XVIIIe siècle, rassemblèrent une collection de peintures, d’objets d’art et de meubles précieux. Dès 1925, Ernest Cognacq organisa des présentations temporaires de ses propres collections, dans les niveaux de la Samaritaine de Luxe, boulevard des Capucines, qui avait été inaugurée huit ans plus tôt. Ernest Cognacq songea, de son vivant, à la création d’un musée dans l’immeuble voisin de la Samaritaine de Luxe. Ce projet se concrétisa après sa mort, en 1928, et le legs de ses collections à la Ville de Paris. L’établissement ouvrit en 1929, dans le bâtiment initialement prévu, où il demeura jusqu’à son déménagement dans le Marais, en 1990, dans l’Hôtel Donon.

Rue Elzévir

plan catherine val-des-écoliers

Plan de Truchet et Hoyau, dit « plan de Bâle », vers 1550 (détail : le prieuré de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers)

Que sait-on de cet hôtel particulier du Marais ? Il fut édifié sur d’anciennes terres agricoles appartenant à la « Culture » du prieuré Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers. Ces terres avaient pris une grande valeur après la démolition de l’Hôtel Saint-Pol et le lotissement du quartier attenant, sur l’ordre de François Ier. En 1545, les Religieux de Sainte-Catherine décidèrent de les lotir, ce qui constitua l’une des plus importantes opérations immobilières jamais réalisées à Paris, sous la Renaissance. L’ancien chemin desservant la Culture Sainte-Catherine, aujourd’hui rue Elzévir, devint « rue de Diane », puis « Des-Trois-Pavillons », alors qu’un un réseau de voies nouvelles apparut aux environs.

En 1575, le Contrôleur général des Bâtiments du roi, Médéric de Donon, acheta plusieurs parcelles pour y bâtir son hôtel particulier. Il fit appel à un architecte, dont l’identité n’est pas connue. L’architecture de l’Hôtel Donon laisse toutefois penser qu’il était proche de Philibert de l’Orme ou de Jean Bullant, successeur de De l’Orme sur le chantier des Tuileries.

musée cognacq jay cour hotel donon

La cour intérieure de l’Hôtel Donon

Le plan régulier de l’Hôtel Donon adopte la formule parisienne d’une demeure entre cour et jardin. Du côté de la rue, les bâtiments entourent une cour rectangulaire. Le corps de logis principal, situé au fond, est flanqué de deux pavillons latéraux et relié au bâtiment sur rue par deux ailes : celle du sud, à droite de l’entrée, abritait probablement des écuries et des remises ; celle du nord, à gauche de l’entrée, renfermait une simple galerie. Les deux ailes de l’Hôtel Donon reposent sur des galeries à arcades : l’aile nord repose sur trois arcades en plein cintre ; celle qui lui est opposée, sur deux arcs plats.

Le corps de logis principal est particulièrement remarquable : deux niveaux de caves, dont un demi sous-sol réservé aux cuisines et à la salle du commun, un haut rez-de-chaussée, aménagé en salles de réception et un étage coiffé d’un haut comble. Au centre de la composition, deux lucarnes, percées sous le comble et réunies sous un même fronton, forment un attique axial. Le rythme des ouvertures (demi-croisée – croisée – croisée – demi-croisée) accentue l’élégance raffinée de cette façade à la sobriété déjà toute classique.

musée cognacq jay hotel donon

Le bâtiment sur rue de l’Hôtel Donon

L’Hôtel Donon fut à plusieurs reprises remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles : les pavillons et les ailes ont par exemple été surélevés. De même, le bâtiment sur rue ne remonterait pas avant la fin du XVIIe siècle : il comprend deux niveaux sur entresol, ainsi qu’un rang de lucarnes à la base de la toiture.

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Le fronton du bâtiment d’entrée de l’Hôtel Donon

Simplement décoré de refends, il est percé d’un porche légèrement cintré et couronné d’un fronton, orné d’une coquille agrémentée de feuillage.

Rue Payenne

façade jardin hotel donon

La façade sur le jardin de l’Hôtel Donon

Du côté du jardin, le corps de logis principal est flanqué de pavillons qui s’avancent, comme sur la cour. Sa façade présente les mêmes caractéristiques stylistiques, mais les croisées sont légèrement décentrées et renoncent à l’alternance observée sur la façade sur cour. Sans doute vers 1710, une porte et un perron permirent, depuis les appartements de réception, l’accès direct sur le jardin. En outre, un balcon à garde-corps en ferronnerie s’est greffé sur le pavillon sud.

Accessible depuis la rue Payenne, l’ancien jardin de l’Hôtel Donon porte désormais le nom de « jardin Lazare-Rachline ».

Rue Elzévir

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L’escalier du pavillon nord n’est pas un élément du décor intérieur d’origine, mais remonte aux transformations engagées à la fin du XVIIe siècle.

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Ce type d’escalier « à vide », pourvu d’une rampe de fer forgé, est caractéristique des ouvrages bâtis dans les hôtels particuliers du Marais à la même époque.

Au XIXe siècle, l’Hôtel Donon, employé à des fins commerciales, fut dénaturé par des constructions fort laides. La Ville de Paris en fit l’acquisition en 1974 et procéda à une restauration rigoureuse, puis décida d’y présenter les collections d’art d’Ernest Cognacq et Maire-Louise Jaÿ.

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La chambre bleue

La collection du musée Cognacq-Jay illustre divers domaines de l’art du XVIIIe siècle : les arts décoratifs (céramiques, pendules), les arts graphiques (pastels, dessins à la sanguine), les objets d’art (miniatures, tabatières), les meubles précieux, la peinture, la sculpture.

Le lit en bois sculpté, doré et garni en damas bleu, attribué à l’ébéniste Georges Jacob (1739-1814), est incontestablement le chef-d’œuvre de cette petite pièce. Ce lit « à la polonaise » possède un dais circulaire, porté par quatre montants galbés en forme de colonnes cannelées, terminées par des urnes antiques. Il se distingue des lits « à la française », dont le baldaquin occupe toute la longueur du lit et s’appuie au mur par l’un des petits côtés.   

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Le cabinet des portraits

Dans le cabinet des portraits, le buste en terre cuite du maréchal Maurice de Saxe retient, par son réalisme étonnant, l’œil du visiteur. Portraitiste attitré de Louis XV, Jean-Baptiste II Lemoyne (1704-1778) ne manque pas de creuser les paupières, d’indiquer l’iris et la pupille des yeux, de creuser le sillon des rides. Comme bien souvent chez Lemoyne, le modèle détourne le regard, semble fixer un objet, livrant ainsi une expression vive et spirituelle.  

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Les tableaux de François Boucher et Jean-Honoré Fragonard

Plusieurs salles du musée sont habillées de boiseries du XVIIIe siècle pour servir d’écrin à la collection. Dans le parcours de visite, une grande salle rassemble quelques tableaux de François Boucher (1703-1770), peintre favori de la marquise de Pompadour, et Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), passé dans l’atelier de Boucher, très apprécié par la comtesse Du Barry.

Parmi ces tableaux, le visiteur peut admirer Le Retour de chasse de Diane, qui constitue l’un des thèmes de prédilection de Boucher. Signée et datée « F. Boucher 1745 », cette peinture met en scène la déesse dénouant les lacets de l’une de ses sandales. Elle est assise près de son carquois garni de flèches et d’un trophée de chasse, associant une perdrix et un lièvre. Face à elle, trois compagnes se reposent également, l’une exhibant son butin.

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Au-dessus d’une vitrine, le visiteur peut apprécier un petit tableau ovale, à la touche vigoureuse, peint par Jean-Honoré Fragonard, d’après une célèbre fable de Jean de La Fontaine : Perrette et le pot au lait. Fragonard représente la chute de la laitière, son pot renversé et le lait s’écoulant sur le sol. 

musée C Jay 1

Sur un panneau opposé, un tableautin de même format, enserré dans un joli cadre sculpté et doré, couronné d’un ruban, de fleurs et d’un petit carquois, montre L’Amour en sentinelle : cette charmante peinture s’inspire visiblement des tableaux autographes commandés à l’artiste par Madame du Barry.

Le tableau, situé en bas, à gauche, est très certainement la copie anonyme d’une composition originale, réalisée par Boucher, vers 1750-60, sur le thème de Danaé recevant la pluie d’or. Le tableau voisin, donné seulement à l’École française, s’inspirerait également d’un tableau perdu de Boucher. Il met en scène Psyché, observant l’Amour endormi à la lumière d’une lanterne.

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