L’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement (1826-1835)
Rue de Turenne
La façade principale
Située à l’angle de la rue Saint-Claude, l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement occupe l’emplacement d’un hôtel particulier, bâti en 1620 pour Monsieur Le Vasseur, où vécut Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675), fils du cardinal de Bouillon, un temps passé du côté des Frondeurs, avant de se rallier à Mazarin. Le marquis de Vauban et le moraliste Jean de La Bruyère auraient également vécu dans cet hôtel particulier.
En 1684, l’Hôtel de Turenne entra en possession de la duchesse d’Aiguillon, qui l’avait obtenu en échange de la terre et châtellenie de Pontoise, pour y loger les Bénédictines de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Les bâtiments du couvent, attenants à l’hôtel particulier, furent alors dotés d’une chapelle, que les Bénédictines firent élever à l’emplacement de l’église actuelle.
Réuni à l’État en 1790, puis supprimé par la tourmente révolutionnaire, le couvent des Bénédictines fut attribué à des Religieuses franciscaines sous la Restauration, puis racheté par la Ville de Paris en 1823, avec l’intention de démolir les bâtiments anciens et d’employer le terrain à la construction d’une nouvelle église. L’architecte de la Ville de Paris, Hippolyte Godde (1781-1869), conçut l’édifice et dirigea le chantier de sa construction. La paroisse fut consacrée au premier évêque de Paris, dont l’orthographe ancienne du nom (« Denys ») rappelle que le saint s’était appelé « Dionysius » en latin. Le nom de l’église conserve également le souvenir des Bénédictines du Saint-Sacrement.
La façade de l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement reflète un style néo-classique plutôt sévère. Elle rappelle par ailleurs les caractères de Saint-Philippe-du-Roule, édifié par l’architecte Chalgrin à la fin du XVIIIe siècle. La façade de Saint-Denys, précédée d’une grille en fer délimitant le parvis et de quelques marches, s’articule autour d’un portique monumental.
Ce portique se détache nettement des murs latéraux : il s’appuie sur quatre colonnes à chapiteau ionique, disposées en avant de la façade, et deux colonnes supplémentaires, placées en retrait. Un fronton pointu, renfermant les Vertus théologales (La Foi, L’Espérance et La Charité), sculptées par Jean-Jacques Feuchère, couronne l’élévation.
De part et d’autre du portique, deux niches rectangulaires percent les murs, au-dessus d’un soubassement à refends. Elles abritent deux figures d’apôtres : Saint Pierre, par Jean-François Legendre-Héral et Saint Paul, par Jean Hartun. Le soubassement à refends se poursuit sur les façades latérales, percées, dans leur partie supérieure, de fenêtres en plein cintre qui éclairent les bas-côtés de l’église.
La maçonnerie des murs de la nef, dépouillée d’ornement et strictement géométrique, domine l’architecture des façades. Seule la corniche, simplement moulurée et soulignée d’un rang de denticules, sur l’exemple de l’entablement et du fronton sommant le portique, décore cette partie de l’édifice.
Au fond du portique, la grande porte d’entrée est surmontée d’une corniche appuyée sur des consoles. Au-dessus, un tympan semi-circulaire renferme un cadran d’horloge et des flambeaux reliés par des guirlandes.
Ce tympan est flanqué de quatre figures représentant les Vertus cardinales (La Force, La Justice, La Prudence et La Tempérance), sculptées par une élève de James Pradier, née Marie-Noémi Cadiot (1828-1888), devenue Mme Constant après avoir épousé, en 1846, l’abbé défroqué Alphonse-Louis Constant, et connue sous le pseudonyme de Claude Vignon.
La nef
De plan basilical, comme Saint-Philippe-du-Roule, l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement s’ouvre par un vestibule d’entrée, séparé de la nef par deux colonnes et deux pilastres d’angle. Une voûte en berceau, ornée de caissons à rosace et percée de châssis vitrés, couvre la nef, jusqu’au chœur en hémicycle, voûté en cul-de-four. Des colonnes à chapiteau ionique supportent un entablement dont la frise peinte est ornée de croix grecques : elles séparent la nef des bas-côtés, couverts de plafonds, également décorés de caissons.
Abel de Pujol (1785-1861)
La Prédication de saint Denis (détail : saint Denis), Paris, chœur de l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement
Un ancien élève du peintre David, Abel de Pujol (1787-1861), réalisa la peinture en grisaille du mur en hémicycle fermant le chœur. Elle illustre La prédication de saint Denis. Pujol exécuta également la peinture de la voûte en cul-de-four, qui représente Le Père Éternel, le Christ et la Vierge. Ces deux peintures sont baignées d’un éclairage zénithal provenant de la demi-coupole qui surplombe le maître-autel.
La chapelle Sainte-Geneviève
De grandes chapelles rectangulaires occupent les extrémités des deux bas-cotés : l’autel de la chapelle Sainte-Geneviève est surmonté d’un grand retable représentant une Pièta, peint par Eugène Delacroix en 1844.
Eugène Delacroix
Pièta, 1844, huile sur toile, 355 x 475 cm, Paris, église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement, chapelle Sainte-Geneviève
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