Des Templiers (1170) au square du Temple (1865)
Rue du Temple
Plan de Truchet et Hoyau, dit « plan de Bâle », vers 1550 (détail : l’ « Enclos du Temple »)
Le vaste terrain formant aujourd’hui le quartier du square du Temple était, au XIIe siècle, la propriété de l’Ordre religieux et militaire des Templiers, issu de la chevalerie chrétienne du Moyen-Âge. D’abord propriétaire d’une résidence primitive (le « Vieux Temple »), bâtie drrière la place de Grève, il s’installèrent au « nouveau Temple » en 1170 et firent de cette vaste propriété, le chef-lieu de la province de France des Templiers.
L’ « Enclos du Temple » s’étendait sur le quadrilatère formé aujourd’hui par les rues du Temple, de Bretagne, de Picardie et Dupetit-Thouars. Situé à l’extérieur de la ville, il était entouré de hautes murailles crénelées, renforcé par un donjon carré (la Tour du Temple).
L’ « Enclos », qui prit le nom de « Villeneuve du Temple », comprenait une maison principale, une église, dédiée à saint Simon et saint Jude, un cimetière attenant, des bâtiments conventuels, pour loger les moines-soldats, ainsi que de vastes écuries. C’est dans la Tour du temple que les rois de France, jusqu’au règne de Philippe IV le Bel, déposèrent le Trésor royal, le confiant ainsi à la garde des Templiers.
Trésoriers des rois de France et du Pape, avant de susciter les jalousies, les Templiers affrontèrent des accusations d’éréthisme et de sanglantes répressions. Après la dissolution de leur ordre en 1312 et l’exécution de leur grand maître, Jacques de Molay, en 1314, tous les biens templiers furent, en grande partie, attribués aux chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (dits Hospitaliers), d’où est issu l’Ordre des chevaliers de Malte.
Dès l’origine, l’ « Enclos du Temple » dépendait de la seule juridiction du grand maître ; il possédait un gibet relevant d’abord de la justice des Templiers, puis de leurs successeurs Hospitaliers.
Claude Lucas, d’après Louis Bretez
Plan de Turgot (détail : l’ « Enclos du Temple » et l’Hôtel du Grand Prieur), 1734-39, burin et eau-forte, Kyoto University Library
Au XVIIe siècle, les murailles de l’ « Enclos » furent abattues au profit d’hôtels particuliers qui en modifièrent le tracé. En 1667, Jacques de Souvré, grand prieur de France, se fit bâtir une demeure entre cour et jardin par l’architecte Pierre Delisle-Mansart (1641-1710), petit-neveu du célèbre François Mansart. Son successeur Philippe de Vendôme (1655-1727) y tint un cercle littéraire, philosophique et « libertin » : la Société du Temple. Jean-Philippe d’Orléans (1702-1748), fils naturel du Régent, puis Louis-François de Bourbon-Conti (1717-1776) occupèrent la fonction de « grand prieur » et s’installèrent dans cet hôtel particulier.
Michel-Barthélémy Ollivier (1712-1784)
Le Thé à l’anglaise servi dans le salon des Quatre-Glaces au palais du Temple à Paris, 1766, huile sur toile, 53 x 68 cm, château de Versailles
Le prince de Conti mena grand train au « palais du Temple » : il y donna de somptueuses réceptions, dont les tableaux de son peintre ordinaire, Michel-Barthélémy Ollivier, conservent le souvenir. En mai ou au début de juin 1766, le prince de Conti invita les Mozart à l’un des thé à l’anglaise qu’il donnait en sa résidence. Grand mélomane et joueur de clarinette, il entretenait un orchestre composé de plusieurs musiciens allemands, dont certains jouèrent un rôle important dans la vie parisienne de Mozart.
Un tableau du peintre Ollivier immortalise justement le fameux Thé à l’anglaise au cours duquel le petit Mozart joua du clavecin dans le salon des Quatre Glaces du Temple. La comtesse de Boufflers, maîtresse du maître des lieux, assistait à ce concert. Le chanteur Pierre Jélyotte accompagnait l’enfant musicien à la guitare.
Michel-Barthélémy Ollivier
Souper du prince Louis François de Conti. Palais du Temple, château de Versailles
Deux autres tableaux d’Ollivier illustrent les fêtes du prince de Conti, dont un Souper au palais du Temple, où se produisirent une claveciniste et un harpiste, installés à l’extrémité d’une grande table. En 1776, le comte d’Artois, frère cadet de Louis XVI, fit du palais du Temple sa résidence parisienne au nom de son fils, Louis-Antoine, duc d’Angoulême (1775-1824), élu « Grand Prieur » à la mort du prince de Conti. Le second fils du comte d’Artois, Charles-Ferdinand (1778-1820), duc de Berry, succéda brièvement à son frère aîné, en 1789.
Ecole française
La Tour du Temple, journée du 13 août 1792 ou La famille royale enfermée au Temple, encre noire, lavis gris et plume, Louvre
Transformée en prison, la Grande Tour de la forteresse des Templiers fut, en 1792, la dernière demeure de Louis XVI et de la famille royale. En 1809, Napoléon Ier décida sa destruction afin d’effacer ce souvenir douloureux. L’Hôtel du Grand Prieur de France de l’Ordre de Malte et ses dépendances servirent de couvent, puis de caserne jusqu’en 1853, avant d’être détruits et remplacés par le square du Temple, que Jean-Charles Alphand aménagea à partir de 1865.
Le square du Temple
Comme les autres squares parisiens du Second Empire, le square du Temple est un jardin « à l’anglaise », aux allées qui serpentent autour de pelouses et de massifs fleuris. Une cascade artificielle s’écoule entre quelques rochers provenant de la forêt de Fontainebleau et alimente un point d’eau fréquenté par de nombreux canards. De l’autre côté de la rue Eugène-Spuller, se dresse, à l’emplacement de la Grande Tour du Temple, l’actuelle mairie du IIIe arrondissement.
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